Jouer, continuer de jouer, ne jamais s’arrêter et ne jamais abandonner, voilà l’obsession profonde de cet homme fragile et seul malgré l’orchestre autour de lui. En Avant, Marche ! raconte l’histoire d’un joueur de trombone dévoré par la maladie, qui l’empêche de jouer de son instrument et le relègue au fond de la fanfare pour jouer des cymbales.
Entre puissance et fragilité
Le premier acte de la pièce, mise en scène par Frank Van Leacke et Alain Platel et mise en musique par Steven Prengels, décrit la détresse d’un musicien. Sa passion pour le trombone et pour la fanfare le dévore et le fait de ne plus être au centre de celle-ci le tue encore plus que sa maladie. Nous sommes frappés par le contraste entre la fragilité de cet homme et la puissance dégagée par l’orchestre. Les metteurs en scène ont travaillé également l’idée de communauté forte représentée ici par la fanfare et nous racontent au fil de la pièce les petites histoires qui rythment la vie quotidienne d’un groupe. Il y a bien sur les amours furtifs mais également la tristesse de la communauté à l’égard de ce musicien malheureux.
Le deuil et la transmission
Le deuxième acte, est un deuil. Le deuil de ce musicien, qui comprend petit à petit, qu’il n’a plus sa place dans une fanfare toujours en mouvement. Le deuil d’un homme, qui va mourir, en laissant derrière lui une passion dévorante et un amour naissant. Les auteurs flamants d’En Avant, Marche ! ont également intégré dans ce deuxième acte, la notion de transmission. Le musicien malade rencontre son remplaçant plein de vie. Il lui transmet les rênes de la fanfare dans une danse incroyable où le moindre mouvement est avant tout de la musique.
Une expérience mélancolique
En Avant, Marche ! est un pièce où le message et l’interprétation surpassent le scénario et la mise en scène. Nous vivons une expérience mélancolique, où tout est musique : le claquement des chaises, le mouvement des acteurs et musiciens, les gargarismes de ce musicien que la maladie emporte. L’homme avant de se retirer de la marche perpétuelle de la fanfare, organise sa propre marche funèbre. Les hommes meurent mais la fanfare elle perdure, voilà le message d’EN AVANT MARCHE !
Romain Gauthier pour Witz Montpellier