A l’occasion du concert que donnera Bruce Springsteen sur la scène de la Park&Suite ARENA le 19 Juin prochain, je reviens ici, sur Witz Montpellier, mois après mois jusqu’au show, sur les albums les plus importants de la carrière du BOSS.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, avant d’entrevoir le culte, avant de parler des deux chefs d’œuvres du BOSS, petit rappel des faits : Bruce Springsteen, né en 1949 dans le New Jersey. Il compose tout d’abord un album moyen sous influence Dylan où il raconte l’histoire d’une petite station balnéaire de côte Est des Etats-Unis (« Greetings from Asbury Park, New Jersey »). Quelques mois plus tard, il sort « The Wild, The Innocent and the E Street Shuffle ». Album teinté de soul et de rythm’n’blues et où découle une joie de vivre communicative. Springsteen et le tout frais E Street band se découvrent et prennent beaucoup de plaisir sur les titres du « ..E Street Shuffle ». S’en suit une immense tournée de plus de deux ans. Springsteen et son groupe se construisent sur scène et le public en redemande malgré les coups et certain KO infligé à l’assistance par le BOSS et le E Street Band, qui se révèlent, show après show, de véritables bêtes de scène.
« Born to Run ». Nous sommes ici au pied d’un building. Un album sanctifié dès sa sortie, en 1975 par une horde de rock-critique. Aujourd’hui encore, cet album est toujours un mythe. Classé 18éme des meilleurs albums de tous les temps par Rolling Stone, nombreux fans de rock attendrons longtemps avant d’oser enfin une première écoute. Peur d’être déçu. Par Springsteen et surtout par les autres. Car le Boss fait ici l’état des lieux de 20 ans de rock, et après cet album, le punk remettra tous les compteurs à zéro. Alors dire son importance est un pléonasme. Sur « Born to Run », il est question de New York, de camé qui attendent leurs doses. De filles à l’arrière d’une voiture. De rues sombres et glauques. Un album urbain. Un album nocturne. Un album qui pue l’huile moteur et la pisse. Musicalement, Bruce et son producteur, Jon Landeau, essayent de recréer ici le fameux mur du son de Spector, en empilant les strates de guitare et en mettant de la reverb partout où il est possible d’en mettre. Une production lourde donc qui surcharge certains morceaux mais qui rend « Born to Run » si particulier et envoutant. Avec cet album, Bruce Springsteen rencontre enfin le succès commercial et la reconnaissance qui va avec. Le Boss enchaine la même semaine les couvertures du Times Magasine et de Newsweek. Cette année là, le rock à un visage, un t-shirt blanc, un perfecto et il exhibe fièrement sa telecaster. Plusieurs années plus tard, Springsteen dira : « Les questions essentielles que j’allais explorer tout au long de ma carrière ont d’abord été formulées dans les chansons de Born to Run. Ce disque à été le grand tournant de ma vie ».
S’il y a un seul album du Boss à avoir, si nous sommes dans l’obligation de choisir, ce serait celui-ci : « Darkness Of The Edge Of Town ». D’abord pour le titre : Ténèbres des Périphéries. Mais surtout parce que c’est le meilleur album que Springsteen est sorti. Trois ans se sont écoulés depuis « Born to Run ». Trois années de procès, contre son ancien producteur et ami Mike Appel. Trois années sombres sur le plan personnel où le Boss n’a jamais cessé de composer. En ressort « Darkness… » en 1978. Trois ans donc après le coup de tonnerre que fût « Born to Run », ce nouvel opus sort dans un certain calme très bizarre au vue de la qualité de la chose. Les chansons sont dures, réfléchies, travaillées et surtout totalement épurées. Quel contraste enthousiasmant après la lourdeur de la production de « Born to Run ». Bruce Springsteen a trouvé sa voix, les textes sont purement géniaux et il nous montre sur cet album qu’il ne sort pas sa telecaster uniquement pour les photographes. « Badlands », titre déjà très bon sur l’album deviendra un véritable hymne en live. « Darkness… » est un album constant dans la perfection, il n’y a pas de temps morts, juste des morceaux meilleurs que d’autres morceaux déjà excellents. Comme « Something in the night » et les vocalises pleines de douleur de Springsteen. La montée hyper sexuelle de « Candy’s Room » est aussi un grand moment de « Darkness.. ». Bref le Boss a travaillé durement sur ces chansons, il nous livre ici toutes sa frustration et ses douleurs. Un album parfait mais qui reste méconnu par rapport aux mastodontes que sont « Born to Run » ou « Born in the USA » qui viendra plus tard.