Eté 1979, la nuit New Yorkaise reprend son souffle, le calme reprend ses droits petit à petit, juste le bruit d’une bouteille brisée par là, des rires par ici, une sirène de police au loin. Deux jeunes ados rentrent chez eux, s’accrochant au mur, encore sonnés par ce qu’ils viennent de vivre. D’autres son perdus dans une foule qui va bientôt se disperser. D’autres encore ont choisi de rester là, assis sur un trottoir à attendre que la ville se réveille car ils n’ont plus la force de rentrer chez eux. Tous ces gens viennent de vivre une expérience remarquable, une déflagration sonique, un choc. Juste trois heures de leurs vies. Trois heures qu’ils n’oublieront sans doute jamais. Trois heures qui laisseront des séquelles, physiques et morales. Physiquement, ils sont tous à bout de force et leurs oreilles sifflent comme jamais. Moralement, c’est du bonheur, c’est un sourire qui restera sur leurs lèvres jusqu’au petit matin. Tous ces gens viennent d’assister à un show de Bruce Springsteen, un soir d’été 1979 !
A l’occasion du concert du BOSS sur la scène de la Park&Suite ARENA, le 19 juin prochain, j’aimerai revenir ici, tous les mois jusqu’au show, sur son œuvre, vous faire découvrir ou redécouvrir son parcours a travers quelques uns de ses meilleurs albums. Je commence cette rétrospective Springsteen aujourd’hui avec cette introduction puis la présentation de ses deux premiers albums : « Greetings From Asbury Park, NJ » et « The Wild, The Innocent & The E Street Shuffle ». Le mois prochain sera consacré à ce qui est pour moi ses deux meilleurs albums : « Born To Run » et « Darkness On The Edge Of Town ». Le mois d’avril regroupera quatre albums qui marque l’apogée de la carrière du BOSS : « The River », « Nebrasca », « Born In The USA » et « Tunnel of love ». Le mois de mai sera entièrement consacré aux albums solo de Bruce Springsteen, sans le fameux E Street Band (groupe qui l’accompagne sur scène et sur certains albums). Enfin le mois de juin sera dédié aux derniers albums, de 2000 à aujourd’hui mais d’ici là j’espère que vous aurez tous déjà pris votre place pour le show car en juin, il sera trop tard !
« Bruce était bien meilleur que Dylan, la première fois que je l’ai entendu ». Ces paroles sont prononcées en 1972, par John Hammond, boss de Columbia Record et célèbre pour avoir découvert Bob Dylan et Leonard Cohen. En 1973 sort donc chez Columbia le premier album de Springsteen : « Greetings from Asbury Park, NJ ». Album moyen, sous influence Dylan période électrique. Les mots défilent à grande vitesse et le débit du Boss parait parfois interminable. Cet album raconte l’histoire d’une ville, Asbury Park, petite station balnéaire de la cote Est des États-Unis, plus précisément du New Jersey, état d’où vient Bruce Springsteen. « Greetings… » est soulevé par deux excellentes chansons « Growin’Up » et « Spirit in the night » et surtout un chef d’œuvre de mélancolie « Lost In The Flood » dont les deux premières minutes, piano/voix sont d’une beauté parfaite. Cette chanson est à juste titre considérée par beaucoup, comme étant l’une des plus belle chanson du Boss. Ce premier album est composé de titres plutôt moyens et de quelques pépites. Il mérite donc d’être écouté malgré quelques chanson dispensables (Mary Queen of Arkansas, Does this Bus Stop at 82nd Street ?). A noter, deux titres de cet album repris par Bowie (« Growin’Up » et « It’s Hard To Be A Saint In The City »), et les arrangements de Steve Van Zandt, futur guitariste du E Street Band, sur « Lost In The Flood ».
« The Wild, The Innocent & The E Street Shuffle » sort seulement neuf mois après « Greetings… » et bizarrement, il est complètement différent. Bye Bye le folk/rock Dylanien, Springsteen compose ici des chansons pleines de Soul et de Rythm’n’Blues. Le E Street Band prend forme petit à petit, Clarence Clemons est à l’honneur sur cet album où les cuivres prennent une grande place. Il se dégage de ce « …E Street Shuffle » une énergie positive. On entend presque le plaisir qu’ils prennent à jouer ensemble. Et ce plaisir va perdurer longtemps, puisque pendant pratiquement deux ans les chansons de « Greetings… » et du « …E Street Shuffle » seront joués et rejoués dans tous le pays. Le Boss et son E Street Band apprennent a se connaitre, ils se rodent, ils s’exercent, ils construisent leurs réputation scénique. Il m’est impossible de sortir 1 ou 2 titres meilleurs que les autres tellement cet album est homogène dans sa qualité. Ce n’est pas un chef d’œuvre, c’est juste un bon album, joyeux et agréable.